La vente record d’il y a quelques mois de deux bouteilles de Macallan 1926 à 1,1 et 1,3 million de dollars ne laisse aucun doute possible : le whisky dans la bouteille ne vaut pas ce montant.*
Avec la demande toujours en croissance pour le whisky écossais (scotch) et le whisky japonais, l’investissement spéculatif basé sur la rareté et la singularité du produit a pris une ampleur sans précédent, au grand dam des amateurs de whisky qui aimeraient simplement pouvoir y goûter.
En analysant le cas du Macallan 1926 Artists Series, on comprend l’ampleur de la situation. Pour 24 bouteilles des 40 produites de ce whisky de 60 ans embouteillé en 1986, Macallan a donné la commande à deux artistes de produire une étiquette unique pour 12 bouteilles chacun. Une série par Sir Peter Blake qui a cocréé la pochette “Sgt Pepper’s Lonely Hearts Club Band” des Beatles et une série par Valerio Adami, connu et aimé pour son style artistique rappelant les bandes dessinées.
Originalement, les bouteilles ont été mises en marché à 40 000 $, un prix déjà très élevé dans cette période de crise économique après la fermeture d’environ 25 distilleries en Écosse au début des années 1980. La dernière vente, avant celle de 2018, avait été faite en 2007 par la maison Christie à un prix de 95 000 $, soit 12 fois moins que le prix payé par l’acquéreur au début de l’été 2018. Un investissement intéressant, il n’y a pas de doute.
Mais ce n’est pas l’affaire que d’une seule bouteille : Macallan est le leader sur le marché secondaire en 2018 au Royaume-Uni avec 34,4 % de la valeur dépensée dans les encans. En calculant que le total des ventes des neuf autres produits suivants n’atteint pas 33 %, on voit bien l’incroyable engouement que génère Macallan parmi les collectionneurs et spéculateurs.
La tendance d’augmentation de la valeur des bouteilles sur le marché secondaire touche aussi Highland Park, Ardbeg, Laphroaig, Bowmore, Bruichlladich ainsi que les produits de trois distilleries fermées : Port-Ellen, Brora et Rosebank.
Selon un rapport de « Rare Whisky 101 » concernant les six premiers mois de 2018, la valeur totale des 49 719 bouteilles vendues à l’encan au Royaume-Uni a atteint 32 millions de dollars, soit près de 50 % d’augmentation par rapport aux 22 millions de dollars des six premiers mois de 2017. Si l’on compare avec les six premiers mois de 2013, la différence est encore plus frappante avec un chiffre de 4 millions de dollars pour 8 825 bouteilles. Ce n’est pas seulement le nombre de bouteilles vendues qui augmente, mais aussi leur valeur; entre 2017 et 2018, la valeur moyenne est passée de 480 $ à 555 $.
Tout ceci est très excitant et permet aux connaisseurs fortunés de spéculer, mais ce n’est malheureusement pas facile pour nous, Québécois, de participer à ce marché.
Dans un premier temps, comme il n’y a aucun encan de whisky au Québec (les lois ne le permettant pas), il faut se tourner vers les encans internationaux. Par contre, comme il est impossible de se faire livrer les bouteilles au Québec et au Canada directement, il faut user d’imagination : livraison à des adresses en Europe ou aux États-Unis, puis récupération par un ami ou par vous-même pour le retour au Canada.
Par contre, faites très attention au montant total d’exemption pour l’entrée au pays. La limite est fixée à un maigre 800 $ et tout montant supplémentaire fera l’objet de taxes et de frais. Après vérification des calculs auprès des douanes canadiennes, pour une bouteille de 2500 $ que vous faites entrer au Québec, en comptant votre exemption de 800 $ pour diminuer le montant à 1700 $, les frais seront de 2600 $. En comparaison, si vous avez un ami albertain qui achète la même bouteille à 2500 $ et revient chez lui, il payera 94 $ de frais. Bref, le système actuel complique drôlement l’entrée de vos bouteilles de collection au Québec.
Si vous trouvez finalement le moyen de récupérer votre bouteille et, dans quelques années, désirez la revendre, sachez qu’il est illégal de vendre une bouteille d’alcool entre particuliers au Québec. Je vous déconseille d’utiliser les réseaux sociaux ou les sites de petites annonces, même si plusieurs personnes se permettent actuellement de vendre des bouteilles de cette façon; on ne sait jamais quand les autorités feront respecter la loi à ce sujet.
La seule option qui existe depuis peu au Québec pour vendre et acheter légalement des bouteilles est Alfred.vin. En étant membre, vous avez la possibilité d’acheter et de vendre légalement des bouteilles entre particuliers membres de Alfred. C’est une première au Québec et une exclusivité de Alfred.vin.
Ceci étant dit, plusieurs liront cet article en grinçant des dents et je dois admettre que je suis un peu d’accord avec eux. En effet, il ne faut pas oublier que le whisky est avant tout fait pour boire et en apprécier les saveurs.
Santé!
Eric Van Hove
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*Tous les prix sont estimés en dollars canadiens.
Sources : www.rarewhisky101.com/ www.thedrinksbusiness.com/ www.wineandspirits.com/ www.maltymates.com/ www.whiskyadvocate.com/ Gouvernement du Canada
J’aime beaucoup votre blogue. Un plaisir de venir flâner sur vos pages. Une belle découverteet très intéressant. Je reviendrai m’y poser. N’hésitez pas à visiter mon univers. Suavitatis… Bonne journée!
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